vendredi 18 mai 2007

La Grande Famine en Irlande


Titre : Nory Ryan's Song

Auteur : Patricia Reilly Giff

Publié en 2001 par Scholastic

152 pages


Résumé : Nory Ryan, 12 ans, vit sur la côte irlandaise avec sa famille. La Grande Famine de 1845-1852 fit plus d'un million de morts. Trois millions d'Irlandais immigrèrent vers les Etats-Unis. Prise dans les tourments de la période la plus noire de l'Irlande, Nory évolue entre la faim, le désespoir, l'amour des siens et de sa terre, le rêve d'une l'Amérique où personne ne connait la faim, l'indifférence des classes dominantes. Elle tente, avec sa famille, de survivre.

Le livre : Un roman, court, concis, direct, qui touche un thème finalement peu abordé parmi les fiction historiques jeunesse : la Grande Famine en Irlande qui fit entre 500000 et deux millions de morts de 1846 à 1851.

Le récit : C’est au travers du regard de Nory que l'on découvre ce petit bout de côte irlandaise. L'auteur donne, de manière intuitive, les clés pour comprendre l'origine de la famine : on devine, d'après les descriptions naïves de Nory, les méthodes agricoles dérisoires et peu adaptées, l’omniprésence du riche propriétaire terrien à qui les paysans versent un loyer souvent bien trop élevé, et l’apparition du parasite (le mildiou) qui réduisit à néant les récoltes de pommes de terre. D’abord la peur de la faim, ensuite la faim, puis les conséquences de la faim. L’Amérique est très présente dans le récit, comme une Terre Promise où personne ne manquerait de rien. Comme un but final que tous les protagonistes considèrent non plus comme une possibilité, mais comme une nécessité. Si ce désir d'Amérique est l’une des caractéristiques du récit, le déracinement et ses blessures apparaîssent en filigrane. On comprend, en lisant le postface de l’auteur, la motivation et l’enjeu personnel du récit : arrière-petite-fille d'immigrants, elle a voulu savoir puis raconter ce que personne n'osait ou ne voulait lui dire.

Le style : Le récit est raconté à la première personne. Conforme au personnage, une petite Irlandaise de douze ans, le langage est simple, mais très évocateur et très immédiat. Son rapport à la terre, aux chemins, aux champs qu’elle connaît si bien est abordé avec beaucoup de pudeur. Les thématiques dramatiques du roman sont rendues sans détours. La maladie, la pauvreté, le sacrifice, la peur, la folie d'une foule affamée et la mort sont bien évidemment évoqués mais la narration ne tombe jamais dans le morbide.
On regrettera que certains aspects de l’histoire et des personnages, comme les chansons qui égayent le quotidien de Nory, ou les recettes magiques que lui apprend la vieille Anna, ne soient pas plus appuyés.
Aujourd'hui encore, l'idée d'un "génocide" irlandais est avancée par certains historiens. Le débat fait rage quant à la responsabilité de l'Empire Britannique dans les centaines de milliers de morts. L'auteur, impliqué personnellement, ne tranche pas sur la question historique mais dénonce clairement les agissements de l'Angleterre. Ce faisant, elles dépeints les personnages malveillants de manière un peu monolithique et un peu caricaturale. Peut-être aurait-on gagné en puissance narratrice si les personnages avaient été moins délibérément cruels et plus effacés, plus méprisants.

Les atouts, la ligne éditoriale : Le roman (destiné aux 9-12 ans) est avant tout une fiction historique. Le récit à la première personne offre une impression de témoignage et permet au jeune lecteur de pénétrer plus complètement dans l’histoire. La thématique de la famine, inconnue des sociétés occidentales, est intéressante à aborder. L'amour familial, l'amitié qui lie la petite Nory à la vieille Anna, sont les valeurs les plus défendues dans le roman.

Mesuré et poignant, ce court roman s'impose comme un devoir de mémoire.

1 commentaire:

Anne Clerc a dit…

Bonjour !

Excellent commentaires sur un livre qui semble l'être tout autant. Bon vent à ton "Book-à-oreille" !

Anne